Une rue défoncée de Boutcha, une épave de char, et des journalistes, nombreux, qui découvrent la ville et ses morts après que les Russes s’en sont retirés. La photo a été publiée sur le compte Twitter de l’ambassade de Russie en France, mercredi soir, avec une légende triviale : « Plateau de tournage, ville de Boutcha ».
Ce commentaire pour le moins inapproprié a aussitôt fait réagir le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes. « Au-delà de la honte, stop » a cinglé Clément Beaune.
Face à l’indécence et la provocation de la communication de l’ambassade de Russie en France sur les exactions de Bucha, j’ai décidé la convocation au Quai d’Orsay ce matin de l’Ambassadeur de Russie.
— Jean-Yves Le Drian (@JY_LeDrian) April 7, 2022
Dans la foulée, ce jeudi matin, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a annoncé avoir convoqué l’Ambassadeur de Russie, « face à l’indécence et la provocation » que constitue cette communication.
Plusieurs dérapages
Ce n’est pas la première fois que l’ambassadeur de Russie à Paris franchit la ligne jaune. Le 25 mars, il a déjà été convoqué au ministère des Affaires étrangères après la publication de caricatures, toujours sur son compte Twitter, jugées « inacceptables » par la diplomatie française. Parmi les dessins, l’un d’eux montrait des Européens à genoux en train de lécher les fesses de l’Oncle Sam qui désigne les États-Unis, accompagné d’un message en anglais : « La solidarité européenne telle qu’elle est. »
Dans un autre registre, l’ambassade de Russie en France avait aussi recommandé à ses ressortissants de ne pas « visiter » la ville de Deauville (Calvados), « compte tenu des risques pour la sécurité des personnes » de nationalité russe, après « des actions antirusses ». Parce que le maire de la station balnéaire avait fait projeter sur une villa appartenant à l’Etat russe le drapeau ukrainien…
Mais la représentation russe en France n’est pas la seule à donner dans la provocation. Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, les ambassades de Russie dans de nombreux pays sont en pointe pour défendre ce que les autorités du pays de Vladimir Poutine qualifient de simple « opération militaire » visant à « maintenir la paix ».